Mon travail porte sur la génétique évolutive des insectes. Je développe actuellement quatre thématiques principales:

  1. Les organismes sont confrontés à de nombreuses infections virales au cours de leur vie. Bien que les virus sont connus pour leurs effets pathogènes, un certain nombre d’entre eux, sous étudiés, révèlent des effets plus subtils, et sont potentiellement héritables. Nous avons découvert un tel virus chez une guêpe parasitoïde dont l'effet principal est de manipuler le comportement de ponte de la guêpe, favorisant ainsi sa transmission horizontale. Ce virus s'est avéré être le premier membre d'une nouvelle de virus, les Filamentoviridae, qui infectent en réalité de nombreux insectes parasitoïdes (Guinet et al. 2024). Nous étudions la distribution, diversité et les impacts phénotypiques de ces virus.
  2. Au cours de l'évolution, des séquences de ces virus ont pu s’intégrer dans les chromosomes de leurs hôtes (que l'intégration fasse partie de leur cycle naturel ou non). Certaines de ces insertions, ont permis des innovations génétiques majeures comme illustré par l'"invention" du placenta chez les mammifères. Chez les hymenoptères parasitoïdes, qui vivent en parasites d'autres insectes, plusieurs clades ont "domestiqués" des virus, ce qui leur permet aujourd’hui d'adresser des facteurs de virulence à leurs hôtes. Ces virus endogénisés sont actuellement nécessaires au bon développement des parasitoïdes. Les premiers cas documentés jusque-là concernaient la superfamille des Ichneumonoidea. Notre travail récent a révélé des phénomènes similaires, bien que complètement indépendants, dans d'autres superfamilles, impliquant notamment les Filamentoviridae (Di Giovanni et al. 2020, Guinet et al. 2023, 2025). Un des enjeux est de définir l’étendue et l’impact évolutif de ces domestications chez les insectes. 
  3. Bien que l'information génétique soit transmise très majoritairement de parents à descendants, à travers la reproduction, certaines régions du génomes ont été vraisemblablement acquises par transfert horizontal. Ces phénomènes sont bien connus chez les bactéries, mais on sait aujourd'hui que les eucaryotes peuvent également être concernés. Dans ce contexte, nous testons l'impact des connections écologiques sur ces transferts dans les communautés d'insectes en étroite interaction (hôtes-parasitoïdes). De plus, nous mesurons la contribution des virus domestiqués par les guêpes parasitoïdes à ces transferts.
  4. Les punaises de lit, Cimex lectularius, représentent un fléau en pleine ré-émergence. Ces insectes hématophages ont connu un boom démographique extrêmement important ces dernières années, probablement en lien avec l’évolution de la résistance aux insecticides. Nous recherchons actuellement les déterminants génétiques sous-tendant le phénotype de résistance (Haberkorn et al. 2023, 2024). Par ailleurs, ce modèle est étudié dans un contexte de spéciation. En effet, ces punaises dérivent en réalité de populations se nourrissant de sang de chauve-souris dont on retrouve des représentants contemporains. Nous essayons de comprendre l'histoire démographique de ces populations et les mécanismes ayant permis l'adaptation à ce nouvel hôte humain.

            Parasitoïde déposant un œuf (et son virus) dans une larve de drosophile. (crédit dessin : J. Martinez)

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