Visibilité des femmes dans une des principales conférences internationales en biologie évolutive : des améliorations mais des problèmes demeurent

Publié le


Le manque de visibilité des femmes scientifiques dans la communauté est un frein connu à leur avancement de carrière, et pourrait expliquer pourquoi la proportion de femmes diminue tout au long de l'avancement dans les carrières scientifiques. Un aspect important de la visibilité des scientifiques est leur participation à des conférences internationales.

Des chercheurseuses du CNRS, Maud Tenaillon, membre du conseil de la société savante SMBE, Jos Käfer et Gabriel Marais, ont étudié la visibilité des femmes lors de la conférence annuelle de la SMBE. Leurs résultats montrent qu'au cours des 16 dernières années, de plus en plus de femmes donnent des présentations orales, ce qui contribue à améliorer leur visibilité. L'augmentation observée pourrait être en lien avec la politique inclusive menée par la SMBE : une attention particulière à la parité dans les invitations de spécialistes à présenter leur travail, et des mesures pratiques en faveur de la participation des femmes. Par ailleurs, aucun biais de genre n'a été constaté au cours du processus de dépôt et de sélection des orateurs et oratrices dans les conférences récentes.

Avelyne Villain, Marie Fernandez et Clémentine Vignal, professeure à Sorbonne Université ont lancé un projet sur l'étude des questions posées dans les conférences scientifiques qui est en cours. En utilisant leur protocole, J. Käfer, G. Marais, M. Tenaillon et une équipe de volontaires ont consigné les questions posées lors de deux conférences SMBE récentes (2015, 2016). Ces données ont révélés que, après les exposés oraux, les femmes posaient moins d'un tiers des questions. Cette différence entre femmes et hommes reste très significative, même après correction pour le biais de participation femmes-hommes à la conférence.

Cette observation est confirmée par d'autres études de cas récentes, mais ses causes ne sont pas encore comprises. Le fait que les étudiantes, doctorantes et post-doctorantes, parmi lesquelles la proportion de femmes est la plus élevée, posent moins de questions que les chercheurseuses ayant une carrière établie pourrait expliquer une partie de cette sous-représentation. Mais des idées stéréotypées à propos du rôle des femmes dans la société et dans les sciences pourraient aussi être à l'origine de ces différences de comportement. Ce constat appelle à réfléchir à de nouvelles mesures pour promouvoir la visibilité des femmes lors des conférences.





{{Référence :}}

Jos Kafer, Andrea Betancourt, Avelyne S. Villain, Marie Fernandez, Clementine Vignal, Gabriel A.B. Marais, Maud I. Tenaillon, 2018. [Progress and prospects in gender visibility at SMBE annual meetings.->https://academic.oup.com/gbe/article/10/3/901/4924379] {Genome Biology and Evolution}