La taille des génomes, c’est-à-dire la quantité d’ADN dans les cellules, qui varie énormément entre animaux, est essentiellement le miroir de la quantité d’éléments génétiques mobiles, capables de se répliquer dans les génomes, souvent appelé « ADN poubelle ». Pourquoi certaines espèces possèdent-elles des génomes plus volumineux que d’autres ? Ou pourquoi certaines espèces portent-elles plus d'ADN poubelle que d'autres ? Des chercheurs français ont exploré cette question chez les mouches du genre Drosophila, des petites mouches cousines de la fameuse mouche du vinaigre, espèce modèle en biologie. Les chercheurs ont analysé le contenu du génome de 76 espèces de mouches, dont 40 nouvellement séquencées, et ont estimé la force de la sélection naturelle chez chacune d'elles (via l’analyse de plus de 2 000 gènes). Leurs travaux montrent que lorsque la sélection naturelle agit moins efficacement – par exemple dans des populations de taille réduite – des éléments génétiques mobiles appelés éléments transposables s’accumulent en plus grand nombre dans le génome. Cela se traduit par une expansion significative de leur génome. Ces résultats confirment une prédiction importante de la théorie de l’évolution dite “quasi neutre” : dans des populations plus petites, les mutations légèrement néfastes (comme l’insertion de ces éléments mobiles) échappent plus facilement à la sélection naturelle et peuvent rester dans les génomes car elles ont plus de chance, par hasard, d’être transmises à la génération suivante. Cette découverte remet au centre du débat l’importance du hasard (la dérive génétique) face à la sélection dans l’évolution de la taille des génomes.
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https://doi.org/10.1093/molbev/msaf111